Choi Jae Won

J’étais un enfant unique qui avait l’habitude d’avoir toute l’attention de ses parents. C’était plutôt agréable. Ma mère était japonaise et mon père coréen. J’ai toujours été bilingue. Je vivais en Corée imprégné de la culture de ma mère. Je me sentais un peu à part, j’étais plutôt fier de ce que j’étais et de qui j’étais. J’avais encore un petit truc en plus, ou plutôt en moins. Une petite phalange manquante. Je ne savais pas ce que ça voulait dire. Je me disais que c’était un truc de naissance et c’était à peine perceptible alors je n’ai jamais été complexé. Mes parents ne m’ont jamais rien dit. J’ai vécu ma petite enfance comme n’importe quel gamin.

Je ne leur en veux pas d’avoir gardé le secret. Ils espéraient peut être que je ne développe jamais mon pouvoir. Eux même n’en avaient pas. Ils devaient sûrement avoir peur. Mais le jour où j’ai commencé à montrer des signes de transformation, nous avons déménagé au Japon. Je rêvais de ce pays, je l’avais imaginé dans mes rêves, d’après les souvenirs de ma mère et des photos qu’elle me montrait le soir avant de m’endormir. Ils savaient. Ils s’étaient déjà renseignés. Juste au cas où.

Il y avait l’agence, des spécialistes qui pourraient me venir en aide en cas de problème. Je ne me sentais pas vraiment différent. J’avais juste cette particularité que je n’arrivais pas à contrôler. J’avais une dizaine d’année la première fois. C’est assez tard par rapport aux autres. Je n’arrivais pas à gérer mes sentiments et à doser mes transformations. Il suffisait que je sois en colère ou déprimé pour que je me transforme sans même le vouloir.

J’ai appris à m’adapter. A choisir quel animal je voulais être. J’avais un faible pour les chats et les oiseaux. Mais je ne pouvais pas rester des heures dans leur peau, je me sentais épuisé et mon corps en souffrait. J’adorais ces moments de liberté. A l’école je faisais en sorte de ne jamais le faire. Je ne voulais pas que l’on me sollicite ou que l’on me colle une étiquette. Je n’étais pas très intéressé par les cours. J’étais beaucoup plus intéressé par les courbes de certains garçons de ma classe. Je n’ai jamais douté, j’ai toujours su que les filles ce n’était pas pour moi. Alors oui je l’assumais et oui je me battais parfois mais jamais je n’ai renié ce que j’étais.

Après avoir obtenu mon diplôme, je me suis lancé dans le mannequinat. Je prenais soin de moi physiquement et je savais que je ne manquais pas de charme. J’étais du genre dragueur. Je posais pour des photos, certaines plus habillé que d’autre. Mais ça ne me suffisait pas. J’avais besoin d’exploiter mon don. Je ne me sentais pas entier.
J’ai fini par répondre à une annonce de cette fameuse agence. Je voulais être utile. Je suis aujourd’hui en pleine formation et je me sens mieux. Je continue à faire quelques conneries, mais je me suis calmé grâce à eux. Peut-être qu’un jour ce don se transformera en malédiction, mais seul l’avenir nous le dira.