Nakamura Yuki - Handsome Devil

J’ai grandi avec ma mère et un beau père violent. Je n’ai jamais su qui était mon vrai père. Ma mère était effrayée et ne faisait rien pour l’arrêter. Le mieux qu’elle pouvait faire ? Prendre les coups à ma place. Je n’ai jamais compris pourquoi nous étions restés au lieu de nous enfuir, tout simplement. J’ai toujours été conciliant, je ne disais rien, je recevais les coups sans les rendre. De toute façon j’étais beaucoup trop jeune. Plus je grandissais, plus je devenais un homme et plus sa violence s’intensifiait. J’étais doué en sport, j’étais doué à l’école, et j’étais populaire. Personne ne savait ce qui se passait chez moi. Je n’étais qu’un adolescent, mais je faisais ce qu’il fallait pour pouvoir me défendre. Je devais devenir fort.

Je n’avais que quinze ans lors que je suis parti de chez moi. J’avais les côtes cassés, un œil gonflé, ma lèvres ouvertes. Ma mère l’avait défendu. Elle disait que c’était de ma faute s’il s’était mis en colère. Je ne l’avais pas supporté. C’était la dernière fois que j’avais vu ma mère. Je m’étais laissé tomber dans une ruelle, respirant difficilement. Je me disais que j’allais crever là, dans le froid et que je le méritais, que tout venait de moi. Et puis cet homme est arrivé. Il m’a soigné, nourri, logé. Pas sans contre parti. Je n’étais même pas majeur, je n’avais jamais réfléchi à ma sexualité avant ça. Je lui appartenais corps et âme et il prenait soin de moi. Le contrat était clair, je n’avais pas le droit de dire non. Jamais. Je portais ce collier en cuir avec un cadena autour de mon cou lorsqu’il était présent. Et pourtant je m’en foutais, je m’étais attaché à lui. Il était ma seul famille, le seul à faire attention à moi. Malgré tout, il m’aimait. Une histoire d’amour que personne ne pourrait jamais comprendre.

J’ai quitté l’école, je n’ai jamais eu mon diplôme. Il me donnait de l’argent pour que je me fasse plaisir. Et c’est comme ça que j’ai commencé à danser. Il m’avait inscrit à des cours pour que je ne m’ennuie pas. Je n’avais pas vraiment envie et j’avais fini par y prendre goût. Je m’étais habitué à ma nouvelle vie. Je n’avais pas le droit d’avoir d’autres relations et ça me convenait. Je suis devenu un homme et il est tombé malade. Je ne pensais pas que je pouvais le perdre aussi rapidement. Le cancer s’était étendu et l’avait emporté en quelques mois. Je pensais me retrouver à la rue, mais il m’avait cédé son appartement. Notre appartement. Il avait toujours pensé à mon bonheur, à moi. J’avais tout juste vingt et un an. J’avais retrouvé la clé du cadenas dans une boite près du lit. Une façon de me dire qu’il me rendait ma liberté. J’ai beaucoup souffert de son absence.

J’ai postulé comme danseur dans une boite de strip tease, il fallait bien que je gagne ma vie. Je n’avais pas de loyer à payer mais je devais au moins manger. J’y danse cinq soir sur sept et j’en suis fier. J’aime ma vie. Je n'ai pas de pouvoir, je ne fais pas parti de cette nouvelle élite, mais ça m'est égal. Je n'ai pas besoin de ça pour être quelqu'un de fort.